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22 décembre 2013

Fidélité, un passage obligé ?

« La relation libre, qu’est-ce donc ? C’est un couple dans lequel la fidélité n’est pas un passage obligé. Voici le témoignage d’une madmoiZelle qui vit ça avec son copain depuis un an !

Je suis avec mon copain depuis plus d’un an, et nous sommes en relation libre. Ce qui veut dire que nous pouvons, chacun de notre côté, aller fricoter avec d’autres personnes sans que cela ne soit vécu comme une trahison ou comme une raison de rompre. Voici ma petite histoire !

La fidélité, un passage obligé ?

Déjà, il faut dire que la fidélité, ça n’a jamais trop été mon truc. Pendant longtemps, incapable d’avoir le courage de rompre avec mes copains lorsque mon couple ne me satisfaisait plus, j’allais voir ailleurs — mais ça finissait toujours par se savoir, et par blesser tout le monde assez méchamment.
Sans compter le stress énorme causé par mes mensonges incessants, des histoires façon Inception avec plusieurs gros mensonges emboîtés, le tout saupoudré d’une grosse dose d’omission ; j’étais assez jeune (fin du lycée/début de mes études) et clairement, je n’avais pas les nerfs assez solides pour ça.
Seulement, je n’avais jamais pris le temps de réfléchir sur cette fidélité, cette monogamie obligatoire. Parce que c’est comme ça qu’on m’a appris à être en couple, comme ça que tout le monde (enfin, je le pensais à l’époque !) était en couple, et que je ne me voyais pas demander à mon mec « Au fait, si je passais la nuit avec un autre, t’en penserais quoi ? » — d’où les mensonges aussi.
Plusieurs de mes ex m’ont dit que j’aurais dû leur en parler quand je les ai trompés, et que ça aurait été beaucoup plus simple pour eux de gérer « seulement » ça, par rapport à la somme de mensonges qui finissaient par remonter à la surface et qu’ils devaient affronter en bloc !

Apprendre à s’écouter et à être en couple différemment

Après plusieurs mois de célibat — une première pour moi depuis le lycée — et pas mal de découvertes diverses sur moi-même mais aussi sur le monde, j’ai appris à m’écouter, à réfléchir sur mes envies et mes pratiques, sur ce qui était bon pour moi. Quand j’ai rencontré mon copain, ce fut très naturel : une première nuit passée ensemble, puis des rencontres de plus en plus fréquentes, et surtout une liberté quasi-totale.
Moi qui avais été pendant des années l’amoureuse fusionnelle et torturée, celle que l’amour écrase, étouffe, celle qui vient gueuler à l’interphone à 4h du matin, je découvrais l’amour serein. On s’appelle une fois par semaine, on s’écrit de temps à autres, on se voit environ une fois par mois, et on le vit bien — et on s’aime.
Je ne pensais pas que l’amour pouvait aussi être comme ça, puisque ma seule relation à distance avait été très compliquée, mais en fait… c’est bien. Et pour moi, là, maintenant, c’est parfait !
Je n’ai pas de comptes à rendre, et lui non plus. S’il ne répond à mon SMS que deux jours après, je ne le prendrai pas mal. Si je lui dis que je ne peux pas le voir tel week-end, il ne va même pas demander pourquoi, on va juste s’arranger pour trouver une autre date. Et si on a un souci, une urgence, on peut toujours compter l’un sur l’autre.

Et la relation libre, alors ?

Je pense que cette liberté et cette « décontraction » globale nous aide aussi à être en relation libre. C’est lui qui a amené le sujet, assez tôt d’ailleurs, au bout de deux ou trois mois. Il m’a dit « Tu sais, si jamais tu rencontres un mec et qu’il te plaît, tu peux faire ce que tu veux, hein, ton corps ne m’appartient pas et ta sexualité non plus ; par contre si tu veux que moi je sois fidèle, tu me le dis, tu en as le droit ». Et en fait, c’est venu comme une évidence : non, je ne le voulais pas.
Parce que pour moi, comme pour lui, la fidélité ne passe pas par la monogamie, mais par le respect de l’autre et l’amour qu’on se porte ; je m’en fiche de ce qu’il a fait jeudi soir avec une autre fille, tant que samedi il est toujours aussi gentil et aimant avec moi. Et réciproquement.
Je suis en relation libre — Témoignage relationlibre
La seule règle, c’est que si ça devient « sérieux » avec quelqu’un d’autre, et que ça peut remettre en question notre couple, là il faut en parler. Sinon, on n’a même pas à se le dire. Oh, et on se protège si on couche avec d’autres personnes, évidemment !

La relation libre, en pratique, ça donne quoi ?

C’est bien beau tout ça, mais c’était de la théorie. J’avais quand même une sale petite voix qui me disait « Oh ben oui, c’est facile de lui dire d’aller faire ce qu’il veut, on va voir comment tu réagis s’il le fait, on va voir si tu vas pas redevenir aussi dingo que tu l’étais avant ».
Eh bien non. La dernière fois qu’on s’est vus, le sujet est venu sur le tapis et il m’a dit que oui, il a été avec deux autres filles depuis qu’on est ensemble. Et… je m’en fiche ! Youpi ! J’étais soulagée de me rendre compte que ça ne me faisait pas de mal, parce que j’avais vraiment peur de voir ce beau rêve de relation libre s’effondrer.
Personnellement, je n’ai pas encore « consommé » mon droit au taktak sauvage. Je ne suis pas très sociable et je ne rencontre pas souvent de nouvelles personnes, donc aucun mec ne m’a tapé dans l’oeil, et je ne ressens pas l’envie d’aller sur un site de rencontres pour un coup d’un soir. Donc on verra quand ça arrivera.

De l’importance de remettre en question les évidences

En tout cas, je suis heureuse. Et je pense que connaître cette option plus tôt aurait pu éviter beaucoup de souffrances, pour moi comme pour d’autres. Loin de moi l’idée de vous encourager toutes à arracher votre slip et à opter pour la relation libre ! Bien sûr, ça ne convient pas à tout le monde. Mais le modèle monogame/fidèle de base non plus — et ça, je l’ai découvert sur le tard.
Je pense qu’il est toujours bon de remettre en question les évidences qu’on a intégrées, en général, surtout quand ça touche aux relations qu’on entretient avec les autres. Et d’en parler à son/sa partenaire, bien sûr !
Ça ne peut être qu’instructif (bon, sauf si vous êtes avec une personne maladivement jalouse, certes) et même si vous êtes du genre 100% fidèle, vous vous coucherez peut-être en connaissant un peu mieux celui ou celle qui partage votre vie ! »

Article issus du blog mademoizelle.com, à l'adresse http://www.madmoizelle.com/relation-libre-206750 - Je ne possède aucun droit sur le contenu de cet article.

18 décembre 2013

Y.


Le monde change. Et avec le monde, ses habitants.

Je dis peut-être ça par ce que je suis jeune et con et que je ne connais rien à la vie, mais je crois qu'elle devient plus difficile. Pas plus dure (au contraire), plus difficile.

Si on en croit wikidédia, "Cette génération est parfois surnommée Génération Peter Pan, qui, en l'absence de rites de passage à l'âge adulte, ne construisent pas d'identité ou de culture d'adulte spécifique. [...] Un questionnement plus poussé au sujet de ce que signifie “être adulte” a également eu un impact sur cette transition plus tardive vers l'âge adulte. [...] Dans les générations précédentes, on commençait la vie en se mariant et démarrant une carrière de façon immédiate. Les jeunes d'aujourd'hui ont vu que cette approche a mené au divorce et au fait que de nombreuses personnes ne soient pas satisfaites de leur carrière… La majorité d'entre eux veut se marier […] mais veut le faire bien du premier coup. On peut en dire autant de la carrière professionnelle."

Nous apprenons. Nous apprenons des erreurs de nos parents, nous apprenons le monde et la société qu'ils nous laissent, mais surtout, nous apprenons la liberté. Si nous nous permettons de jeter un regard sur le passé, et questionner son héritage, c'est bien une conséquence de cette horizontalisation du monde. Nous n'écoutons plus ce qu'on nous dit de faire. Il ne suffit plus d'une reportage télé pour décréter que ceci est utile et bon et que cela ne l'est pas. Génération Y, génération Why. Être libre est quelque chose de difficile en soi. Être libre, c'est être capable d'assumer, de décider, de se responsabiliser. Être libre c'est décider de ses propres valeurs, plus simplement se reposer sur celles de la TV - ou de toute autre entité verticale, comme Dieu.

Et avant la télé, c'était autre chose ! La radio, la presse, l'église, le gouvernement, etc. Ce n'est pas seulement la TV qui a disparu. Nietzsche a bien raison : Dieu est mort. Chacun d'entre nous doit décider de ses valeurs, trier ce qu'on pense juste et ce qu'on ne veut pas, son "bien" et son "mal", personne ne le feras plus pour nous. Et il n'est plus possible de faire l'autruche.

Tout le monde n'est pas prêt à ça. Je dirais même que majoritairement, personne ne l'est. C'est pour cette raisons que, toujours, la verticalité tente de revenir. Il suffit de voir ce qu'est devenu le capitaliste. Chacun est libre, chacun fait ce qu'il veut. Et maintenant, les lobbys, les leaders, les monopoles... Et il en va de même pour internet, qui tend encore et encore à se centraliser autour de petits noyaux qui ont su sauter sur les opportunités.

Quand on observe l'histoire, cela semble se reproduire infiniment. La liberté apparaît, et il y a toujours quelqu'un pour vouloir la retirer à la masse, et surtout, la masse est toujours prête à se la laisser enlever de son plein gré.

Le monde. Libre et sauvage.
Les routes, les états, les frontières.

La mer. Immense et libre.
Les eaux territoriales, les lois internationales, les routes de commerce.

Le marché financier. Un monde d'opportunités.
Le lobbyisme financier, les multinationales, les monopoles.

Le mécanisme est même plus impressionnant parfois : Un système vertical s'horizontalise, pour le bonheur de tous ? Mais non, il se reverticalise dans la foulée.

La radio.
La BBC a l'exclusivité des ondes radio au Royaume-Uni ? Nous ne sommes pas d'accord ! L'exclusivité tombe, tout le monde est content. Aujourd'hui plus aucune radio indépendante, ou presque, et retour à un système vertical. Plus par la force, mais de fait.

Les exemples sont légions, mais n'en abusons pas.

Je me demande si l'humanité va un jour réussir à mûrir suffisamment pour accepter l'état d'horizontalité sans en avoir peur. J'ai déjà parlé de cette problématique en citant cet extrait de La peur de la Liberté. Je crois que nous sommes, plus que jamais, à un point où toute notre société est confronté à ce problème. Pas juste une élite intellectuelle, financière ou légale, mais tout le monde, réellement. Certes tout le monde n'a pas accès avec la même facilité pour des tas des raisons à Internet, aux télécom, etc., mais notre société y est aujourd'hui confronté dans sa plus claire majorité.

Je crois que la principale difficulté de notre génération, ce n'est pas tant de vivre cette liberté, ou de l'accepter. C'est aussi de s'en rendre compte et d'y accéder. Le fait d'être la "première" génération à vivre entièrement avec ça a pour principale conséquence qu'aucun parent ne sait réellement être là et comprendre ce que l'on vit aujourd'hui. Combien de fois ai-je entendu mes amis se plaindre de leurs parents qui ne les comprenaient pas ? Par ce qu'ils ne comprenaient pas cette soif de liberté, cette soif de vivre pleinement cette horizontalité et tenter sa chance sans suivre les règles qu'eux, enfants, ont appris de leur verticalité ? Beaucoup trop, c'est certain. Je pleure pour chaque homme qui fait ce qu'on lui a dit par ce que la vie ne lui a pas laissé savoir qu'il n'était pas obligé de ne pas faire autrement.

Et d'un autre coté j'en observe de mon age qui aujourd'hui ont renoncé, renoncé à cette opportunité, pour la même raison que toujours dans l'histoire. Le confort, la peur. L'autruche. Certes, obtenir confort et sécurité est un plus indéniable, mais quand l'homme en arrive à se protéger de l'homme lui-même, nous ne nous rendons pas compte que nous assassinons précisément notre propre liberté. Pourquoi choir d'être libre quand on peut suivre la masse ? C'est ainsi que la verticalité fait son retour, doucement mais surement.

(qu'on ne se méprenne pas, je dis pas qu'il est mal de faire quelque chose comme tout le monde. Je dis juste qu'il est à mes yeux mauvais de le faire juste par facilité, par ce que tout le monde le fait. J'ai un blog et facebook, "comme tout le monde", mais c'est bien par choix, pas par conformisme... Ne pas être conformiste ne veut pas dire fuir ce que les autres font, ça veut juste dire qu'on ne pas en tenir compte ^^)

Le cap dont parle Erich Fromm est sans aucun doute extrêmement difficile à franchir, mais nous n'en avons jamais été aussi proches. J'espère sincèrement que ceux qui l'ont compris réussissent à le transmettre aux autres, et surtout à la génération suivante, avant qu'il soient trop tard et qu'ils deviennent, à leur tour, des marginaux à ignorer. Sans quoi il faudra trouver un nouveau moyen de faire pencher la balance...