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25 juillet 2015

Standalone.

The wheel just keep on turning
I feel happy and I feel sad
Alone.

C'était la pierre qui manquait à l'édifice.

Rétrospective d'un homme qui s'est construit envers et contre tout, chapitre premier.
L'enfant.

Cet enfant, timide et perdu, n'ayant pour seule réalité que l'univers des livres et les bras de sa mère.
Cet enfant avide d'apprendre mais n'aimant pas l'école. Errant.
Cet enfant à tourné les pages d'un livre qui a changé sa vie.

Jusqu'au lycée mais seuls amis étaient ceux à qui je mentais pour sembler intéressant.
Ma passion pour la fiction et les ordinateurs étaient plus ou moins tout ce que j'avais dans la vie.
Dès lors, ma vie fut ponctuée de rencontre et de séparations qui ont entourés mes grandes épiphanies.
La seconde fut marquée par une rencontre, celui de ce type bizarre au premier rang qui travaillait sur un ordinateur. Celui qui m'a redonné le goût d'être différent en me montrant que je n'était pas seul.
La première fut marquée par deux rencontres. Celle de ma voisine de classe, une amie comme je n'en avais jamais eu, et celle d'Ellana. Ces deux rencontres m'ont donné goût à la liberté et au voyage.
La terminale fut marquée par une rencontre. Celle avec qui j'ai partagé trois ans de ma vie et qui m'a fait découvrir l'amour.
L'année suivante fut marquée par la réalisation que tout ces gens sur le forum existaient dans la vraie vie. Et ça m'a appris ce qu'était une famille. Et ce fût le début de ma chute.

Ces quartes années n'ont pas été vides. C'est clairement ici que je situe ma sortie de l'enfance. J'ai quitté cette phase de la vie ou se mêlent innocence et incompréhension pour m'ouvrir au monde. Une ouverture marquée de déceptions et de prises de conscience. Je ne me risquerai pas à tracer une ligne précise de tout ce qui m'est arrivé et de tout ce que j'ai appris, mais ce qui est ressorti de ces années est toujours limpide dans ma tête :
- La plus part des gens sont très cons, surtout quand ils sont en groupe.
- J'ai le droit de sortir de cette masse et de faire ma vie comme je l'entend.
- Mes maîtres mots sont vérité, justice et liberté.
Bien sur ces réalisations ont évolué depuis, mais elles restent un solide ciment de ce que je suis aujourd'hui.

Mais s'il fallait s'arrêter là... chapitre deuxième.
La chute.

Je n'en pouvais plus. Le gouffre entre ce que je vivais et ce que je voulais vivre ne cessait de grandir.
Alors je suis parti.

J'ai pris la route à 16 ans, laissant en plan une année de fac bien entamée et tout ce potentiel que je gâchais de toute façon selon les dire de chacun de mes profs. J'ai parcouru le monde - mon monde. J'ai appris que je pouvais vivre dans la rue. Que je n'avais besoin de rien. Que tout le reste était mensonge.
J'ai appris que je n'étais pas seul.
Et puis... J'ai appris que j'était seul.
Alors je suis revenu. J'ai recollé les morceaux, et j'ai tenu le coup. J'ai vécu presque un an de plus au radar, à philosopher sur le forum, étudier par ce que c'était ce que je devais faire, essayer de vivre une vie qui n'était pas la mienne. Et encore une fois, ça n'a pas tenu.
Une lueur d'espoir est venu me sortir de tout ça, une lueur qui est venue s'installer dans ma ville et avec qui j'ai vécu. J'ai espéré à nouveau ne pas être seul. J'ai espéré que ça marcherait. Et ça n'a pas marché.

J'ai rechuté. Rechuté dans la fiction, dans une vie qui n'existe pas. Mais une fiction bien réelle, cette fois. Ce n'était plus les livres que j'utilisais pour fuir. C'était la route, au début. Je fuyais ma vie en ajoutant des kilomètres au compteur. Puis s'installa un hédonisme malsain. Les soirées s’éternisant chez des potes ou même sur le trottoir, puis la drogue. Je m’entraînais moins, je ne voyageais que pour fuir la pression quand elle devenait trop forte, je n'étais plus proche de personne... et le pire, c'est que tout ça me convenait à merveille. Ce serait mentir que de dire que j'ai regretté ce temps.

Et puis la réalité a frappé à ma porte. Me rappelant à la dure réalité. Tel un couperet.
"Hey, t'as eu ton bac y'a trois ans déjà. Tu te rappelle ? À l’époque ton rêve c'était de quitter le lycée pour enfin pouvoir t’épanouir dans la vie. Et regarde toi. T'as pas bougé. Et le peu de choses que tu fais, tu les fais mal."

C'était vrai. Je n'avais pas bougé. Et que ce soit mes études ou celle que j'aimais, tout paraît en couille.

J'ai redécouvert un sentiment oublié.
Cette rage froide qui me rappelle tout ce que je pourrais être, et qui me rappelle tout ce que je ne suis pas.
Mais pour la première fois, elle ne me poussait pas à fuir ou à détruire, non. Pour la première fois, elle me poussait à devenir l'homme que j'étais. Elle me rappelait toutes les belles phrases que j'avais jadis écrite, elle les gravait au plus profond de mon cœur.

Et puis... la vie a continué. J'ai traversé une nouvelle fois la France en stop, rencontrant de nouvelles personnes qui ont été là pour me rappeler que j'étais pas seul. L'espoir est revenu, doucement.
Et puis... la vie a continué. Me rappelant encore une fois que je suis seul.
Cette dernière révélation s'est posée sur moi comme la dernière pierre de cet improbable édifice qu'est ma vie.

Chapitre troisième
J'ai grandi.

Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

Nietzsche a écrit "Tu dois devenir l'homme que tu es".
Je sais maintenant quel homme je veux être. Et je vais le devenir.

J'ai réussi à me défaire de la consternation et de la culpabilité,
J'ai renoncé à rattraper le temps perdu,
J'ai arrêté d'avoir peur de cette foutue solitude.
Ce qu'il reste, c'est la volonté de ne pas en perdre plus. Cette volonté oubliée.

L'amour que je voue aux hommes est un amour triste.
Triste de constater que je ne peux les aider.
Triste de constater que je n'peux que les aimer.
Je navigue à contre-courant.
Anarchiste, polyamoureux, philosophe libertin, voyageur, âme sensible, j'ère, désespérément seul car c'est notre nature, dans ce monde qui m'est offert, déplorant de n'y être qu'un visiteur incapable d'y trouver une place. Mais je suis en paix.

I now stand. Alone.

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